Titre : | Gramophone, film, typewriter | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Friedrich A. Kittler (1943-....), Auteur ; Michael Wutz, Traducteur | Editeur : | Stanford : Stanford University Press | Année de publication : | 1999 | Collection : | Writing science | Importance : | XLI-313 p. | Présentation : | ill. | Format : | 23 cm | ISBN/ISSN/EAN : | 978-0-8047-3233-8 | Note générale : | Bibliogr. p. 299-315 | Langues : | Anglais (eng) | Index. décimale : | PHI Philosophie | Résumé : | Publié en allemand, à Berlin, en 1986, Gramophone, Film, Machine à écrire de Friedrich Kittler est devenu un livre mythique. Aux côtés de Du mode d’existence des objets techniques de Gilbert Simondon (Paris 1969) ou du Telephone Book d’Avital Ronell (Lincoln 1989), il offre l’exemple rare, à la fin du XXe siècle, d’une incursion philosophique réussie dans le territoire de la technologie et des dispositifs d’enregistrement. Procédant d’une lecture radicale de Derrida, le Derrida de la Grammatologie (1967), et prenant très littéralement pour point de départ de son périple l’idée que nos outils travaillent notre pensée, qu’aucune technologie d’enregistrement ne saurait être neutre, que chacune procède, autant qu’elle le détermine, d’un sillage d’affects qui doivent trouver place dans l’histoire de la pensée, Kittler présente un éblouissant parcours philosophique à travers l’histoire des médias d’enregistrement qui nous mène du laboratoire de Thomas Edison (l’inventeur du gramophone) à Menlo Park, à l’état-major du général Ludendorff dans les tranchées de 14-18, des cartes postales envoyées par Kafka à Felice Bauer au déchiffrage du code Enigma par Turing pendant la seconde guerre mondiale…
Attentif à la matérialité des procès techniques qu’il analyse avec une précision rigoureuse comme peu de philosophes avant lui, Kittler réactive et enrichit les approches pionnières de la technologie qui avaient fleuri dans l’Allemagne de Weimar – approches généralement frappées d’amnésie aujourd’hui, celles de Walter Benjamin mises à part (pensons seulement à l’oubli de la théorie du montage cinématographique d’un auteur aussi essentiel que Bela Balazs par exemple). Kittler retrouve aussi, par son souci de la présence concrète, « en situation », des objets et des dispositifs, par son sens de la dramatisation qui leur donne une formidable épaisseur historique et poétique, quelque chose de cette fascination dont les avant-gardes des années vingt et trente, de Dziga Vertov ou Moholy–Nagy à Fritz Lang, avaient su faire le ressort de tant d’œuvres, transformant le gramophone, le banc de montage ou la machine à écrire en véritables protagonistes de leurs films, de leurs photos, de leurs livres : qu’il suffise de rappeler, à la fin du Testament du docteur Mabuse (1933), l’apparition de ce deus ex machina tout à coup dévoilé derrière son rideau d’illusion, la voix mécanique du chef de bande diabolique : le gramophone…
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Gramophone, film, typewriter [texte imprimé] / Friedrich A. Kittler (1943-....), Auteur ; Michael Wutz, Traducteur . - Stanford : Stanford University Press, 1999 . - XLI-313 p. : ill. ; 23 cm. - ( Writing science) . ISBN : 978-0-8047-3233-8 Bibliogr. p. 299-315 Langues : Anglais ( eng) Index. décimale : | PHI Philosophie | Résumé : | Publié en allemand, à Berlin, en 1986, Gramophone, Film, Machine à écrire de Friedrich Kittler est devenu un livre mythique. Aux côtés de Du mode d’existence des objets techniques de Gilbert Simondon (Paris 1969) ou du Telephone Book d’Avital Ronell (Lincoln 1989), il offre l’exemple rare, à la fin du XXe siècle, d’une incursion philosophique réussie dans le territoire de la technologie et des dispositifs d’enregistrement. Procédant d’une lecture radicale de Derrida, le Derrida de la Grammatologie (1967), et prenant très littéralement pour point de départ de son périple l’idée que nos outils travaillent notre pensée, qu’aucune technologie d’enregistrement ne saurait être neutre, que chacune procède, autant qu’elle le détermine, d’un sillage d’affects qui doivent trouver place dans l’histoire de la pensée, Kittler présente un éblouissant parcours philosophique à travers l’histoire des médias d’enregistrement qui nous mène du laboratoire de Thomas Edison (l’inventeur du gramophone) à Menlo Park, à l’état-major du général Ludendorff dans les tranchées de 14-18, des cartes postales envoyées par Kafka à Felice Bauer au déchiffrage du code Enigma par Turing pendant la seconde guerre mondiale…
Attentif à la matérialité des procès techniques qu’il analyse avec une précision rigoureuse comme peu de philosophes avant lui, Kittler réactive et enrichit les approches pionnières de la technologie qui avaient fleuri dans l’Allemagne de Weimar – approches généralement frappées d’amnésie aujourd’hui, celles de Walter Benjamin mises à part (pensons seulement à l’oubli de la théorie du montage cinématographique d’un auteur aussi essentiel que Bela Balazs par exemple). Kittler retrouve aussi, par son souci de la présence concrète, « en situation », des objets et des dispositifs, par son sens de la dramatisation qui leur donne une formidable épaisseur historique et poétique, quelque chose de cette fascination dont les avant-gardes des années vingt et trente, de Dziga Vertov ou Moholy–Nagy à Fritz Lang, avaient su faire le ressort de tant d’œuvres, transformant le gramophone, le banc de montage ou la machine à écrire en véritables protagonistes de leurs films, de leurs photos, de leurs livres : qu’il suffise de rappeler, à la fin du Testament du docteur Mabuse (1933), l’apparition de ce deus ex machina tout à coup dévoilé derrière son rideau d’illusion, la voix mécanique du chef de bande diabolique : le gramophone…
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