[n° ou bulletin] est un bulletin de / Christian - Marc BossénoTitre : | 42 - printemps 2012 - Apesanteurs | Type de document : | texte imprimé | Année de publication : | 2012 | Note générale : | Contributeurs: Emeric de Lastens, Julien Abadie, Cyril Béghin, Anthony Brinig, Jean-Marie Samocki, Lucie Wright, Philippe Fauvel, Jacky Goldberg, Thomas Lasbleiz, Joachim Lepastier, Dick Tomasovic, Loig Le Bihan, Jean Breschand, Frédéric Majour, Silvia Maglioni, Graeme Thomson, Stéphane du Mesnildot, Vincent Deville, Alex Terror | Langues : | Français (fre) | Index. décimale : | PER périodiques | Résumé : | « Nous ne croyons plus à ce qui nous arrive » (Gilles Deleuze)
Apesanteur des corps pris dans les rets des espaces numériques, apesanteur des perceptions mentales et des points de vue en lévitation, apesanteur des récits réticulaires, hyperboles rythmées par la répétition infi nie du même. Ces apesanteurs concernent d’abord les grandes ou petites formes contemporaines de récits allégoriques, très concentrées dans le cinéma d’action hollywoodien. Des architectures totalisantes et spéculatives, mais souvent dépressives, dont Inception (Christopher Nolan) serait le parfait prototype.
Tout se passe comme si, au coeur même d’une industrie produisant des images toujours plus labiles et hybrides, le cinéma, par l’effet de sa puissance technologique avait atteint sa vitesse de libération – libération des contraintes du tournage et de la matière, substitution au réel d’une hyperréalité sphérique, dont des récits modulaires et teintés d’inquiétude seraient les métaphores. Cette dématérialisation, ce défaut de consistance, pourrait n’être que le pendant de celle des échanges propre à l’hypercapitalisme : l’évanescence visuelle a tôt fait de se muer en bulle fantasmagorique, quand la négation des pesanteurs se révèle être celle des corps vivants et des rapports sociaux.
Le panorama proposé par ce numéro n’a rien d’exhaustif, mais voudrait tisser des correspondances entre quelques figures orbitales, sans se priver de sorties hors du territoire américain : des emboîtements virtuels du Monde sur le fil, où Fassbinder diffracte sa critique politique, aux toboggans de pixels verts de Matrix, de la lutte éperdue contre la surveillance généralisée des derniers corps héroïques aux objetspersonnages de la constellation Pixar, du monde cristallin de la série Mad Men à la parabole élégiaque de The Tree of Life ou aux hallucinations chimériques de Donnie Darko (Richard Kelly)…
L’oeuvre singulière de F.J. Ossang, quant à elle, poétise le monde au lieu de le virtualiser, en nous invitant au voyage. Un laboratoire d’expérimentations où Chris Marker et William Burroughs croisent Henri Vernes et la SF de Métal hurlant. Un cinéma en quête de l’énergie primitive du muet, réactivant la puissance visionnaire d’Eisenstein ou de Feuillade, à la fois polémique et lyrique – Ossang est aussi poète et musicien punk. C’est pourquoi nous avons souhaité lui consacrer un ensemble, comme une belle échappée vers des contrées intenses et revigorantes.
Dossier F.J. Ossang L’œuvre de F.J. Ossang est une quête : retrouver la puissance brute du son avec le punk et la musique industrielle, la force visionnaire du mot à travers Burroughs, l’énergie primitive de l’image en revenant au cinéma muet. Chaque film est un voyage : le Paris « feuilladien » où s’affrontent les sociétés secrètes de L’Affaire des divisions Morituri (1984) ; la terre irradiée du Trésor des îles chiennes (1990), ultime refuge de Nosferat le roi des rats ; l’Amérique du Sud de Docteur Chance (1997), repère d’aventuriers et de trafiquants ; l’île narcotique de Dharma Guns (2011), au point médian de la vie et de la mort, du sommeil et de l’éveil.
En trente ans cinéma, de musique et de poésie, F.J. Ossang a inventé l’un des territoires les plus libres du cinéma, un laboratoire d’expérimentations où Chris Marker et William Burroughs croisent Henri Vernes et la SF punk de Métal hurlant.
| Note de contenu : | Ce n’est plus seulement un nouvel imaginaire, post-historique, mais peut-être aussi un nouveau régime des images, notamment induit par la possibilité de « traverser » toutes les apparences, jusqu’à rencontrer la réversibilité et l’absence de résistance de toute chose, qui se fait jour dans les fictions cinématographiques contemporaines |
[n° ou bulletin] est un bulletin de / Christian - Marc Bosséno42 - printemps 2012 - Apesanteurs [texte imprimé] . - 2012. Contributeurs: Emeric de Lastens, Julien Abadie, Cyril Béghin, Anthony Brinig, Jean-Marie Samocki, Lucie Wright, Philippe Fauvel, Jacky Goldberg, Thomas Lasbleiz, Joachim Lepastier, Dick Tomasovic, Loig Le Bihan, Jean Breschand, Frédéric Majour, Silvia Maglioni, Graeme Thomson, Stéphane du Mesnildot, Vincent Deville, Alex Terror Langues : Français ( fre) Index. décimale : | PER périodiques | Résumé : | « Nous ne croyons plus à ce qui nous arrive » (Gilles Deleuze)
Apesanteur des corps pris dans les rets des espaces numériques, apesanteur des perceptions mentales et des points de vue en lévitation, apesanteur des récits réticulaires, hyperboles rythmées par la répétition infi nie du même. Ces apesanteurs concernent d’abord les grandes ou petites formes contemporaines de récits allégoriques, très concentrées dans le cinéma d’action hollywoodien. Des architectures totalisantes et spéculatives, mais souvent dépressives, dont Inception (Christopher Nolan) serait le parfait prototype.
Tout se passe comme si, au coeur même d’une industrie produisant des images toujours plus labiles et hybrides, le cinéma, par l’effet de sa puissance technologique avait atteint sa vitesse de libération – libération des contraintes du tournage et de la matière, substitution au réel d’une hyperréalité sphérique, dont des récits modulaires et teintés d’inquiétude seraient les métaphores. Cette dématérialisation, ce défaut de consistance, pourrait n’être que le pendant de celle des échanges propre à l’hypercapitalisme : l’évanescence visuelle a tôt fait de se muer en bulle fantasmagorique, quand la négation des pesanteurs se révèle être celle des corps vivants et des rapports sociaux.
Le panorama proposé par ce numéro n’a rien d’exhaustif, mais voudrait tisser des correspondances entre quelques figures orbitales, sans se priver de sorties hors du territoire américain : des emboîtements virtuels du Monde sur le fil, où Fassbinder diffracte sa critique politique, aux toboggans de pixels verts de Matrix, de la lutte éperdue contre la surveillance généralisée des derniers corps héroïques aux objetspersonnages de la constellation Pixar, du monde cristallin de la série Mad Men à la parabole élégiaque de The Tree of Life ou aux hallucinations chimériques de Donnie Darko (Richard Kelly)…
L’oeuvre singulière de F.J. Ossang, quant à elle, poétise le monde au lieu de le virtualiser, en nous invitant au voyage. Un laboratoire d’expérimentations où Chris Marker et William Burroughs croisent Henri Vernes et la SF de Métal hurlant. Un cinéma en quête de l’énergie primitive du muet, réactivant la puissance visionnaire d’Eisenstein ou de Feuillade, à la fois polémique et lyrique – Ossang est aussi poète et musicien punk. C’est pourquoi nous avons souhaité lui consacrer un ensemble, comme une belle échappée vers des contrées intenses et revigorantes.
Dossier F.J. Ossang L’œuvre de F.J. Ossang est une quête : retrouver la puissance brute du son avec le punk et la musique industrielle, la force visionnaire du mot à travers Burroughs, l’énergie primitive de l’image en revenant au cinéma muet. Chaque film est un voyage : le Paris « feuilladien » où s’affrontent les sociétés secrètes de L’Affaire des divisions Morituri (1984) ; la terre irradiée du Trésor des îles chiennes (1990), ultime refuge de Nosferat le roi des rats ; l’Amérique du Sud de Docteur Chance (1997), repère d’aventuriers et de trafiquants ; l’île narcotique de Dharma Guns (2011), au point médian de la vie et de la mort, du sommeil et de l’éveil.
En trente ans cinéma, de musique et de poésie, F.J. Ossang a inventé l’un des territoires les plus libres du cinéma, un laboratoire d’expérimentations où Chris Marker et William Burroughs croisent Henri Vernes et la SF punk de Métal hurlant.
| Note de contenu : | Ce n’est plus seulement un nouvel imaginaire, post-historique, mais peut-être aussi un nouveau régime des images, notamment induit par la possibilité de « traverser » toutes les apparences, jusqu’à rencontrer la réversibilité et l’absence de résistance de toute chose, qui se fait jour dans les fictions cinématographiques contemporaines |
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